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Sueurs froides

SUEURS FROIDES

Aurore avait fini sa prestation. Les rideaux se refermaient tandis que le piano jouait les dernières notes. Elle se retira dans sa loge, comme à son habitude, mais pour la première fois de sa carrière, il n’y avait personne dans les coulisses. Au moment où elle fermait sa porte, elle crut apercevoir la silhouette d’un homme qui marchait d’un pas lent et régulier au bout du couloir. Persuadée que c’était un admirateur perdu, elle partit à sa rencontre. Mais au moment de le rattraper, la lumière s’éteignit. Aurore fut envahie d’une étrange peur, pourtant elle continua d’avancer dans le noir.

Dans la pénombre elle distinguait une silhouette. C’était un homme trapu, au crâne rasé. Malgré sa petite taille, une grande force se dégageait de lui. Aurore remarqua surtout ses mains énormes ; des mains démesurées., effrayantes... Elle paniqua devant cette vision atroce. Elle fit volte-face et se mit à courir aussi vite qu’elle le put, au travers des dédales des couloirs toujours aussi sombres. Elle s’arrêta, à bout de souffle et se retourna ; elle avait dû le semer. Personne ne connaissait mieux qu’elle ce labyrinthe. Mais à un croisement, elle vit l’individu qui marchait toujours comme un métronome, régulier et silencieux. Aurore se remit à courir, horrifiée. Cet homme lui en voulait, c’était certain ;il fallait qu’elle trouve de l’aide dans les gradins ! Là , des retardataires pourraient sûrement l’aider. Mais il n’y avait personne ...

La salle était déserte et noire. Elle la traversa en courant, l’abominable inconnu la suivait toujours. Sa dernière chance était la salle de projection située au-dessus de la scène. Elle monta l’escalier, sa longue robe et ses escarpins la gênaient terriblement. Un de ses talons se brisa, elle trébucha ; une goutte de sang coula de son genou mais elle se releva et continua son ascension. Arrivée sur l’étroite plate-forme, elle voulut ouvrir la porte mais celle-ci était fermée. Quelle malchance ! Elle se plaqua contre le mur, l’homme arrivait ...

Les lumières s’allumèrent et des confettis tombèrent du plafonds, des personnes sortirent des issues de secours et crièrent en choeur :

« joyeux anniversaire  » !

Elle comprit qu’on avait voulu la conduire jusque là pour lui faire cette surprise. C’est vrai
qu’elle avait trente ans aujourd’hui, pourquoi n’y avait-elle pas pensé plus tôt ?

Pendant qu’elle buvait du champagne, une ombre faisait dans les couloirs le
chemin en sens inverse... La lumière de la lune passant à travers une fenêtre
éclaira ses mains énormes...

Thomas et Alexis